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Mon enfant est victime de harcèlement, comment l'aider ?

 

Le harcèlement scolaire est une agression physique et/ou verbale répétée.

 

Il se manifeste par la répétition de mots et d’actes blessants, prenant diverses formes visant à nuire, humilier et intimider. L’enfant ciblé se sent isolé et démuni dans un environnement hostile. Certains enfants participent activement au harcèlement, profitant de l'effet de groupe, tandis que d'autres sont des témoins ou spectateurs passifs et silencieux. Adultes comme enfants ont parfois du mal à saisir la gravité du harcèlement (qui peut leur apparaître comme des chamailleries ou taquineries) et à comprendre la détresse qu'il engendre.

Témoignage de parents, l'histoire de Lena

 

Brillante et joyeuse jusqu'à son entrée au lycée, Lena a subi les moqueries et provocations de ses camarades. On répandait des rumeurs à son sujet. Les brimades ont dégénéré en agressions physiques. Les conséquences sur sa santé mentale ont été dévastatrices : anxiété, désir de vengeance, perte d'appétit et de sommeil, difficultés de concentration, fatigue constante et traumatisme émotionnel. Sa confiance en l’autre et son estime de soi ont été érodées, elle a commencé à douter de sa propre valeur. Elle a caché sa souffrance, par peur d'être incomprise ou de représailles, que la situation n'empire si elle en parle.

Incapable d'échapper à ses agresseurs, Lena se sentait piégée. Ses notes ont chuté, elle s'est recluse dans sa chambre, évitant les interactions sociales et développant une phobie scolaire. Son professeur principal a remarqué les changements dans son comportement et l'a encouragée à se confier. La révélation du calvaire que Lena vivait nous a terrassés. Malgré nos efforts pour la rassurer et la soutenir, Lena ressentait toujours une profonde tristesse, de la colère, de la culpabilité et une peur paralysante du jugement. Lena a également été victime de cyberharcèlement, injuriée et menacée sur les réseaux sociaux. Lena est devenue paranoïaque et ne se sentait en sécurité nulle part. Elle a développé un stress intense avec des pensées suicidaires. Au lycée, l'équipe pédagogique a pris son cas au sérieux. Nous avons porté plainte au commissariat, mais le mal était déjà fait. Le sentiment d'impuissance face à la douleur de notre enfant étaient écrasants. Le bilan traumatique était lourd. Grâce au soutien de sa thérapeute et à notre écoute attentive, Lena a pu exprimer ses tourments et prendre conscience qu'elle n'était pas responsable, qu'elle n'avait pas à se sentir coupable. Elle a compris qu'il y avait des personnes, à l'intérieur et à l'extérieur de l'école, qui se souciaient réellement de son bien-être, ce qui l'a aidée à se reconstruire.

 

Pistes pour lutter activement ensemble contre le harcèlement scolaire

 

Ce récit illustre l'impact psychologique destructeur du harcèlement qui peut laisser des cicatrices émotionnelles profondes. La lutte contre le harcèlement nécessite la collaboration de multiples acteurs : parents, enseignants, infirmières scolaires, camarades de classe, et la police si nécessaire. Il est impératif d'agir vite, pour créer ensemble des espaces sûrs pour tous les enfants


Conseils pour aider les victimes de harcèlement scolaire et leurs proches

 

* Collaborez avec l'école : informez-vous sur la politique de l'établissement en matière de harcèlement. Élaborez avec l'équipe pédagogique un plan pour y mettre fin, en créant un environnement où la victime se sent soutenue, où les auteurs de brimades sont tenus responsables. L'école peut également désigner des élèves médiateurs ou des ambassadeurs anti-harcèlement et encourager les témoins à intervenir pour aider la victime.

* Participez à des groupes de soutien pour partager son vécu de parent, discuter de la prévention du harcèlement et des stratégies d'adaptation afin de mieux soutenir son  enfant.

* Notez les incidents de harcèlement de façon factuelle (dates, heures, lieux, descriptions) pour les signaler précisément et envisager des poursuites judiciaires si les faits persistent. Le harcèlement scolaire est reconnu comme un délit pénal (Loi n° 2022-299 du 2 mars 2022).

* Encouragez la communication : incitez la victime à parler, à partager ses sentiments. Écoutez-la et offrez-lui un espace de parole sécurisant. Briser le silence est essentiel pour qu'elle ne traverse pas cette épreuve seule. Faites-lui savoir que vous la croyez et que vous êtes là pour l'aider.

* Renforcez la confiance en soi de l'enfant à travers des activités (sportives, artistiques...) qui l'intéressent et favorisent le développement de ses passions et  talents.

* Encouragez la résilience de l'enfant en lui enseignant des compétences telles que l'affirmation de soi, la résolution de problèmes et la gestion des conflits.

* Rechercher du soutien auprès des pairs (ayant vécu des situations similaires) peut être très bénéfique pour la victime.

* Recourir à un thérapeute si vous et/ou votre enfant avez du mal à faire face seuls aux répercussions psychiques du harcèlement scolaire.

 

Mon avis de thérapeute

 

Souffrir en silence c'est se condamner à rester une victime. Demander de l'aide à un adulte de confiance est le premier acte qui permet à l'enfant harcelé de reprendre le contrôle et d'agir. Solliciter un soutien psychologique n'est pas un signe de faiblesse mais de courage. C'est se donner les moyens de faire face aux difficultés pour les dépasser. C'est aller à la reconquête de sa vie.

 

Certains parents se sentent coupables de ne pas avoir décelé ou empêché le harcèlement de leur enfant. Il est essentiel de rappeler que le harcèlement est insidieux et peut être difficile à repérer, les signes peuvent en être subtils et apparaître au début comme anodins. Le harcèlement est la responsabilité des harceleurs. Il se produit en dehors de la vue des parents, à l'école ou en ligne, dans des environnements échappant à leur contrôle direct. Les parents jouent un rôle crucial en offrant un soutien inconditionnel à leur enfant et en travaillant en collaboration avec l'école pour mettre fin au harcèlement.

 

 

À dire à son enfant : " Je suis là pour toi. Tu n'es pas seul(e) dans cette épreuve. Je suis désolé(e) que tu aies à traverser cela. Tes sentiments sont tout à fait légitimes. Il est normal de se sentir en colère, triste ou effrayé(e). Ce n'est pas de ta faute. Tu mérites d'être heureux, de vivre sans peur. Nous pouvons trouver des solutions ensemble, et je suis là pour t'aider à chaque étape. Il existe des gens prêts à aider dans ces situations, nous pouvons envisager de consulter un thérapeute si tu en ressens le besoin. Je t'aime et je suis fier(e) de toi. Nous allons prendre des mesures pour que cela cesse. Avec du soutien, tu pourras surmonter cette épreuve difficile et t'épanouir à nouveau."

 

Par Aouatif ROBERT | psytherapieparis.fr

 

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