Je choisis d'aimer mon enfant tel qu'il est

« Vos enfants […] ne vous appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées […] Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous. […] Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés. » 

(Khalil Gibran, Le prophète)

 

Par Aouatif ROBERT | psytherapieparis.fr

Mon enfant, tu m'en fais voir de toutes les couleurs. Souvent je suis à bout, vidée et inquiète. Cependant je veux t’accepter tel que tu es, toi mon enfant réel et non un enfant fantasmé. Je sais que tu ne fais pas des bêtises ou des crises dans le but de me faire mal. Il me faut lâcher prise, ne plus m’accrocher à des croyances erronées ou dépassées qui me poussent à agir de façon inefficace et non aimante. Je veux me rendre disponible pour toi, m’intéresser à ce que tu ressens et penses, consoler tes chagrins, soulager tes peurs, partager tes joies, te révéler ce que tu as de bon et de beau en toi. Je suis à ton écoute, là pour toi, pour te faire plaisir, t’encourager, te serrer dans mes bras, car tout le reste peut attendre quelques minutes... Je ne crains pas de trop t’aimer. 

Mon enfant, tu n’as pas à correspondre à mes idéaux pour réussir ta vie. Je te prends comme tu es. Je ne veux pas te modeler à mon image. Je refuse de t’emprisonner dans mon regard, dans mon histoire. Tu n’as pas à réparer mes blessures. T'aimer ce n'est pas être dans l'attente d’un retour sur investissement. Je refuse de te mettre la pression, de prendre le risque de t’abîmer, de me retrouver avec toi dans une impasse. J’accepte ta différence, tes particularités et tes crispations. Face au conflit, je voudrais ne plus m’emporter, ne plus te menacer ni crier. J'aimerais faire preuve d'indulgence, savoir apaiser les tensions plutôt que les maintenir ou les renforcer en me braquant. Personne n’est parfait, et moi la première. Tu n’as pas à être un enfant modèle ou irréprochable.

Mon enfant, t’aimer véritablement ne signifie pas que j'approuve ou tolère tes comportements inappropriés, que je laisse faire s’il y a nuisance ou danger. J’agis en respectant ton altérité, avec fermeté et bienveillance. Je n'oublie pas que tu es un enfant, avec tes perceptions et tes émotions, ta capacité de compréhension et d’adaptation. Tu comptes pour moi et j’ai des devoirs envers toi, notamment celui de t’éduquer. Je pose les balises et les règles, j’assume mon autorité. On ne peut pas faire tout et n’importe quoi. Tu auras beau résister, je n’abdiquerais pas mon rôle de parent, je ne t’abandonnerai pas à tes angoisses et tempêtes enfantines. Et j’accepte que tu me détestes parfois.

Mon enfant, je refuse de te laisser pleurer, de te donner une fessée ou une punition pour t’apprendre. Je ne veux pas d’un rapport de force entre nous ni te mentir ou te faire du chantage pour te faire obéir. Je refuse d'être ce parent qui soumet et condamne. Je me souviens que tes agissements ne déterminent pas qui tu es, qu’ils sont une facette à un moment donné de ta personnalité. Tu n’as pas à changer, à devenir calme ou habile sur commande. Tu n’as pas à être parfait, sage ou fort, ni à faire plaisir ou des efforts ou à te dépêcher sans cesse. Tu as le droit d’être rêveur, sensible, triste ou grognon. J’accepte tes singularités visibles ou invisibles, tes limites comme ton potentiel, tes fragilités comme ta force, ce qui me convient et ce qui ne me ressemble pas.

Mon enfant, peu m’importe le regard désapprobateur de ceux qui te critiquent sans te connaître ou prendre le temps de te comprendre. Je te choisis toi plutôt que la tentation de plaire aux autres. Je veux que tu te sentes libre de devenir celui que tu es, comme j’accepte qui tu ne seras pas. Je me réjouis de t’élever, pour te porter encore plus haut. Tu n'as pas à entrer dans une case ni à te conformer à une norme pour qu’on te valide. Et non je ne suis pas un parent indigne si tu t'opposes à moi. Non la discipline coûte que coûte n’est pas la réponse. Je n'ai pas à m’excuser de tes colères ou de tes chagrins ni à me justifier de comprendre tes débordements. Non tu n’es pas un enfant mal poli, gâté ou capricieux parce que tu parles beaucoup ou ne tiens pas en place. Et je ne me range pas du côté de ceux qui te font te sentir différent, en faute, de ceux qui ne supportent pas que tu sois en mouvement et en paroles, vivant. Parce que tu es sensible et intelligent, tu perçois que l'on te juge, et cela te blesse. Certaines larmes sont intérieures…

Mon enfant, je n’oublie pas de te rappeler combien je suis fière de toi. Tu es un cadeau du ciel, je prends conscience de la chance de t'avoir dans ma vie. Tu es une découverte sans cesse renouvelée. Tu m’épates et me surprends à chaque âge, et même si je ne sais pas tout de toi, je te connais chaque jour davantage. Tu grandis avec mon désir de répondre à tes besoins, de te guider au plus près de tes envies. Je veux t'apprendre à t’estimer. J’évite de te reprendre et de te faire douter de tes capacités (« attention, tu vas tomber... casser quelque chose... ça va être difficile pour toi »). Je choisis de te valoriser, de souligner ce que j’apprécie chez toi plutôt que les comportements à améliorer. Je parle positivement de toi, même en ton absence.

Mon enfant, parfois je porte beaucoup et craque de devoir être sans cesse en alerte et partout à la fois (le travail, la maison, les bobos…). D’avoir répété dix fois la même chose, j’explose à la provocation ou bêtise de trop, et je ne mesure pas mes mots. Dépassée, il m’arrive de lever la main sur toi... et je me déteste alors, et je me cache pour pleurer. Et même si j'accepte de ne pas être un parent parfait, même si je m’autorise à exprimer ce que je ressens (fatigue, anxiété, énervement…), je m'en veux terriblement de m'en prendre à toi, de ne pas t’accorder toute la patience et l’affection que tu mérites.

Mon enfant, sache que jamais tu ne me déçois, et que je n’ai à te pardonner de rien. Mon amour pour toi est infini et lorsque je suis fâchée ou découragée, je t’aime encore et toujours. Je voudrais faire au mieux pour toi, j'espère le meilleur pour toi. T'accepter comme tu es, c’est éprouver une paix intérieure qui me permet de t’autoriser à suivre ton propre chemin. Je te donne mon amour, mon temps, ma confiance pour t’accompagner dans tes choix. Je suis là pour t’aider à devenir l’homme (ou la femme) que tu seras. Je t’aime tout entier, sans condition.

 

Par Aouatif ROBERT | psytherapieparis.fr

 

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