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Ma vie avec un pervers narcissique : miroir aux alouettes (partie 1/3)

Charmeur, cultivé et entreprenant, il a pris son temps pour s'intéresser à moi, me séduire et me plaire. Il a sorti le grand jeu, comme aucun autre ne l’avait fait : fleurs, cadeaux, restos, spectacles, appels et SMS continus. Pour la première fois, je me sentais exister pour quelqu’un, unique.  Il m’a mise sur un piédestal. Il me respectait et j’étais précieuse à ses yeux.                                           Par Aouatif ROBERT | psytherapieparis.fr

Il a été exactement celui dont j'avais besoin. Comme s’il avait scanné mon âme, il lisait en moi, comprenait mes espoirs et mes fragilités, savait me mettre en valeur. Nous étions parfaitement assortis, comme le reflet l’un de l’autre. Il m’a donné l’impression que nous étions connectés l’un à l’autre, que nos cœurs s’étaient synchronisés. On ne se disputait jamais, nous nous découvrions plein de goûts communs. Je croyais avoir rencontré l’homme de ma vie, mon âme sœur.

En lui, je trouvais l’ami et l’amant idéal. Il me faisait rire, semblait sain et fort. Il m’a fasciné et j’ai connu l'ivresse de la passion. Notre relation est devenue charnelle, intense, fusionnelle. Il disait aimer tout de moi, ma timidité, mon émotivité, ma personnalité, mon corps. J’illuminais sa vie. Ses paroles enflammées ont fait tomber toutes mes résistances.

Dans la gueule du loup

Il a tout fait pour que je tombe sous son charme, et je me suis attachée à lui. Jour après jour, il s'est introduit dans ma vie. Nous faisions tout ensemble. Très vite, il a voulu qu’on vive ensemble. J’ai pris son empressement pour une preuve d’un amour absolu.

Après quelques mois, alors que notre histoire ne connaissait aucun faux pas, le rêve a viré au cauchemar. Tout a basculé avec une crise de jalousie où culpabilisation et agressivité m’ont laissée sous le choc. Je ne reconnaissais pas celui dont j’étais tombée amoureuse. Puis il s’est apaisé, m’a demandé pardon. Il s’en voulait et ne pouvait pas se passer de moi, j’étais merveilleuse. Et c’est reparti comme avant. Malgré ses revirements brusques d'humeurs, je lui trouvais des excuses : une enfance chaotique, des responsabilités professionnelles, la fatigue. Il devait y avoir une erreur, une explication. Incapable de prendre du recul, je pensais que ce n'était que passager.

Les crises se sont multipliées, rapprochées, et les bons moments sont devenus de plus en plus courts et rares. Il est devenu distant, méprisant, terrifiant. J'ai découvert son incapacité à reconnaître ses torts, une cascade de mensonges, sa froideur émotionnelle, une euphorie morbide à me voir au plus mal.

La descente aux enfers

Il m’a éloignée de mes amis et de ma famille (envieux, inintéressants, qui m’empêchaient de progresser). Nul ne trouvait grâce à ses yeux. À l’origine de divers conflits, il n’avait jamais tort et savait tout mieux que tout le monde. Isolée, sans témoin ni soutien, ma destruction a été graduelle. Sans plus aucune considération pour moi, il a multiplié les dénigrements et le harcèlement, les sarcasmes et les insultes. À force de l’entendre souligner mes défauts, il a réussi à me convaincre que je ne valais pas grand chose.

Son travail de sape a installé en moi un sentiment d’infériorité. Plombée, j’ai sombré dans des épisodes dépressifs. Engluée dans l’autodépréciation, je m’autosabotais professionnellement. Il se délectait de mon naufrage. Perturbée, anxieuse, j’ai commencé à somatiser et à être assaillie de pensées noires. Troubles du sommeil et de l’appétit, maux de tête et de ventre, ont accru mon épuisement physique et moral. Honteuse, je cachais mon quotidien douloureux, convaincue de pouvoir rétablir l’équilibre seule. J’étais sa recluse, il me possédait tout entière. Démunie, à l’agonie, je me suis repliée sur moi-même. En proie à ses pulsions destructrices et perverses, son sadisme me détruisait à petits feux.

Le prince charmant dont j’étais tombée amoureuse était devenu caractériel, autoritaire et hostile. L’homme rassurant et délicat des débuts passait son temps à fantasmer sur d’autres femmes, à me comparer, à me rabaisser, y compris dans l’intimité (« tu ne me fais pas vibrer » « avec toi, ça ne marche pas »).

Avant lui, on me disait jolie, amusante, intelligente.

(la suite dans Ma vie avec un pervers narcissique : sous emprise)

 

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