La maison de Juliette à Vérone. Les murs sont couverts de cadenas et de pansements où sont inscrits des noms et des initiales.
À croire que l'amour enchaîne. À croire que l'amour fait mal.
Par Aouatif ROBERT | psytherapieparis.fr
Aimer la « mauvaise » personne
Mathilde se demande pourquoi elle s'accroche toujours à des hommes à problèmes. Elle cumule les coups de foudre, puis déchante et souffre. En tombant amoureuse, elle trébuche sur son manque
d'estime d'elle-même, sur son besoin d’amour. À défaut d'être elle-même sauvée, elle devient la béquille psychologique du prince charmant devenu boulet ou manipulateur.
Olivier est en quête de la demoiselle douce et coquine qui saura lui renvoyer l’image d’un homme viril, et le consoler de ses souffrances passées. Il alterne entre les femmes bien sous tous
rapports, qui finissent par le lasser, et les séductrices qui lui brisent le cœur. Il fantasme à un mix de femme fatale et de maman-infirmière.
S'attacher à une personne qui n’est pas bien pour nous, c’est douter du fait d’être un individu complet et aimable. Désenchanté par une relation passé ou marqué par une blessure psychologique
d’enfance (rejet, abandon, injustice, trahison, humiliation), vous vous programmez inconsciemment pour attirer les personnes qui réactiveront le même ressenti douloureux. Attendre du partenaire
amoureux qu’il pallie nos manques affectifs ou nous guérisse de nos traumatismes conduit souvent à la déception et à la répétition (parce que l'on est tenté de reproduire le scénario vécu dans le
passé).
Prendre conscience de ses blessures, et accéder au sentiment désagréable pour qu'il refasse surface, sont des clés pour (notamment) échapper au syndrome du sauveur ou enrayer les mécanismes de la
dépendance amoureuse. Apprendre à se fier à son radar émotionnel, à ne plus s’oublier soi, à cesser de donner dans l’espoir de recevoir, donnent l’opportunité d’identifier ses émotions et de
répondre à ses besoins.
Rupture amoureuse
Depuis que son petit ami l'a quittée, Leyla se noie dans sa douleur. Elle ne peut s'empêcher de regarder les photos de son ex, et de le relancer. Elle se sent rejetée, abandonnée, niée. Cette
séparation lui fait l’effet d’une mutilation. Comment continuer à vivre puisqu'elle n'existe plus pour son ex (qui en a préféré une autre) ? Que vaut-elle si elle est remplaçable
?
Le sentiment de perdre une part de soi, que l'on a confiée à l’autre, créé un déchirement. Le choc, le sentiment de déréalité, la dénégation et la colère sont souvent les étapes à franchir
(quelque soit l’ordre) après une rupture.
Surmonter une séparation ce n’est pas se forcer à passer à autre chose, c’est aussi comprendre que l’amour que l’on ressent encore, ou l’amour que l’autre n’éprouve plus, n’est pas contrôlable.
Accepter sa tristesse, comme le désamour de l’autre, évite d’user alors trop longtemps du mécanisme de défense qu’est le déni. Se dire que l’on ne saura peut-être jamais ce qui n’allait pas
permet d’avancer, pour dépasser le sentiment d’échec (d’un espoir, d’un lien affectif, d’un investissement émotionnel), pour pouvoir faire le deuil.
Quand l’amour n’est pas partagé
Lionel ressent une envie permanente de fusion avec Audrey, chacune de ses pensées le ramène à elle, il voudrait tout partager avec elle. Il se rend disponible pour Audrey qui s’en amuse, en
abuse. Cet amour non réciproque plonge Lionel dans la mélancolie et la frustration. Il ne sait plus comment gérer sa douleur et ses désillusions.
Vivre dans l’attente de quelqu’un qui n’a pas de temps à vous consacrer, qui vous donne l’impression d’être insignifiant(e) ou invisible, c’est quémander de l’amour. Ce déséquilibre et cette
injustice émotionnelle donnent à l’autre un pouvoir qui peut s’avérer dangereux. À trop vouloir obtenir l’amour de l’autre, on cesse d’être soi pour sombrer lentement dans l’humiliation et
l’auto-destruction de son ego. Une personne qui ne vous accorde pas une place importante dans sa vie, ou ne vous montre de l’intérêt que lorsqu’il a besoin de vous, ne vous mérite pas.
L’amour mendié est déjà un amour perdu.
Savoir à quel moment partir
Solal aime Nina plus que lui-même. Nina est mariée, alors Solal vit dans l’attente des moments à deux. Il reste dans l’ombre de Nina, en quête des heures volées à son existence officielle. Il
attend qu’elle se rende disponible, et passe en seconde position après le partenaire légitime. Il a déjà tenté de rompre, dans l’espoir qu’elle veuille le rattraper ou qu’elle envisage le divorce
pour le choisir, lui. Elle l’a laissé partir. Il est revenu, résigné à se plier aux conditions de Nina.
Malgré le sentiment d’inégalité dans le couple et la récurrence des états de douleur émotionnelle, on ne peut parfois se résoudre à sortir de la vie d’une personne. Parce que l’on ne s’aime pas
suffisamment (pas correctement), on accepte qu’amour et souffrance aillent de paire. Aimer ce n’est pas se sacrifier, souffrir ou subir, ce n’est pas lutter continuellement, ni se mentir à
soi-même ou espérer que l’autre change pour nous. Une relation amoureuse devient (auto)destructrice si on y perd son individualité, sa sérénité, sa confiance en soi, sa liberté ou sa
dignité.
S’aimer d’abord soi-même
Ma valeur ne réside pas dans le regard d’autrui.
Je mérite d’être traité (et de me traiter) aussi bien que je traite les autres.
Je m’aime et je m’accepte tel que je suis, et non tel que j’aurais (peut-être) aimé être.
Face à une personne que nous aimons mais qui nous néglige ou nous couvre de reproches, on peut finir par douter de son importance, et penser que notre manière d’être (qui nous sommes) ne convient
pas. Par peur de la solitude, le danger serait de préférer être mal accompagné que seul.
S’aimer suffisamment implique d’être attentif à ses besoins, de faire preuve de bienveillance envers soi-même, de reconnaître ses ressources et accepter ses limites, pour savoir qui on est
vraiment et faire avec, ou se dépasser. Aimer et s’aimer c’est avoir conscience que l’on mérite d’être reconnu et respecté pour ce que l’on est, imparfait
mais authentique.
Par Aouatif ROBERT | psytherapieparis.fr
Lire aussi :
Les blessures psychologiques de l'enfance : leur incidence sur notre vie
Cher parent, voici la lettre que je voudrais pouvoir t'écrire