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«Famille, je vous hais» : les parents toxiques

« Dès qu'elle ouvre la bouche, j'ai l'impression de recevoir un coup de pied au cul. » (Vipère au poing, Hervé Bazin)

Considérant leur enfant comme leur propriété, certains parents usent de mécanismes de maltraitance morale (souvent en lien avec leurs propres traumatismes et frustrations). Multipliant injonctions et interdictions, ils sèment alors des graines de peur, d’obligation ou de culpabilité (selon la formule de Susan Forward).

 

Par Aouatif ROBERT | psytherapieparis.fr

Chantage affectif, manipulation, dénigrement, moquerie, négation des émotions, surprotection, violence physique ou verbale... sont de mise pour un amour parental perçu comme conditionnel, voire inaccessible.

 

Aime-moi s’il te plaît
Mélanie, 30 ans, a le sentiment de décevoir ses parents. À les écouter, ils ont tout fait pour elle (« c’est pour ton bien », « n’avons-nous pas toujours été là pour toi »), mais elle n’était jamais comme il faut (« ce n’est pas mal, mais tu aurais pu... »). Pour se faire aimer, elle a voulu être une petite fille parfaite, a choisi la voie du notariat recommandée par ses parents et épousé celui qu’elle pensait pouvoir leur plaire. Puis Mélanie a divorcé, démissionné et déménagé loin du domicile parental. Aujourd’hui fleuriste, elle a un nouveau compagnon. Mélanie est passée par diverses étapes : mendicité affective, séduction, déni, révolte puis reconstruction.

La parentalité ne consiste pas seulement à assouvir les besoins de survie de l’enfant (manger, boire, être soigné et protégé) mais à répondre également à ses besoins psychologiques : être accepté pour ce qu’il est, signe qu’il est reconnu et digne d’être aimé.

Le « tu » qui tue

 « Tu m’énerves… tu me rends triste... »
« Tu es lent(e)… maladroit(e)… timide… colérique... »
« Je t’ai puni(e) car tu as été méchant(e)... »

 

Sous contrôle, étiqueté, on grandit avec une image erronée de soi. Ayant tendance à répondre à la définition qu’on lui donne de lui-même, l’enfant adopte la personnalité qu’on lui prête comme une seconde peau, au profit du narcissisme parental. Ses ressentis brimés (« mais non, ça ne fait pas peur », « mais non, ce pull ne gratte pas »), ses velléités d’autonomie asphyxiées, il apprend à être conciliant et soumis, à refouler ses émotions. Sentences dévalorisantes et insidieuses font porter sur l’enfant le poids d’une responsabilité qu’il n’est pas en mesure de gérer. Manque de confiance en soi, insécurité et dépendance affectives, immaturité, angoisse d’abandon ou irrespect de l’altérité peuvent découler d’une telle relation.

L’accompagnement thérapeutique

Refusant de vouloir se faire aimer à tout prix, de se conformer au modèle et aux vœux parentaux, quelques-uns se rebellent plus ou moins tôt pour survivre. Certains finissent par couper les ponts avec leurs parents, d'autres leur pardonnent (pour mieux avancer).

 

La réparation des dommages émotionnels et mentaux infligés par un parent toxique passent par une reconstruction de la personnalité :

  • pour s’affranchir d’une emprise étouffante et destructrice sur son psychisme
  • pour se défaire d’une éducation marquée par le harcèlement moral, et/ou par un amour intéressé
  • pour se déresponsabiliser de la pathologie du parent toxique
  • pour ne pas s’enliser dans un rôle de victime ni reproduire celui de bourreau
  • pour apprendre à communiquer dans la non-violence
  • pour restaurer une estime de soi dégradée, et ne plus douter de soi ou de ses ressentis
  • pour savoir identifier ses propres besoins et envies
  • pour faire le deuil d’un amour inconditionnel qu’on n’a pas eu, et qu’on n’aura (peut-être) jamais.

La thérapie consiste à réparer ses failles identitaires pour se sentir (enfin) légitime et savoir qui l'on est vraiment. Se définir par ses propres convictions et choix de vie, en accord ou non avec ses parents, permet d’être « vrai » avec soi-même et de développer une réelle autonomie (notamment par rapport à ses émotions).

 

Par Aouatif ROBERT | psytherapieparis.fr

 

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